mardi 21 octobre 2008

Maton, t'es con - Gilles LETELIER

Maton, t’es con. C’est craché, pas justifié ? Bling-bling médullaire des heures léthéenes, ça lance dans ma tête, salope de migraine. Et des loquets qui puent le stupre ; le stupre des impasses auxquelles je colle mon œil avide. Enflure, ça me tue. Maton, t’es con. Te prive pas, continue ton rituel obscène à en gerber mes viscères, dandine ton cul repu dans les bas-fonds de c’te pute liberté, où j’peux même pas foutre les pieds. Maton, t’es con. Même ta bonhommie obséquieuse, elle m’esquinte, m’assassine. Je t’attrape, je te crève. Ravale ta dope de dupe, tes oripeaux doucereux ; j’ai le sourire carnassier. Dans l’obscurité où on crèche, ça résonne faux-perché, tes gros souliers, à s’pavoiser. T’es le sel de notre peine : on t’exècre. Maton, t’es con. Et gaffe au mimétisme, toi et moi, à une porte toute près, on est d’la même et pire espèce, d’celle qui lèche la fosse sceptique d’madame Société. Maton, t’es con. Traine pas trop au tournant ou j’te ferai misère. Tombé une fois, peut-être même quelques fois mais comment qu’j’me relève, toi qui es si malin ? Clapier puant ; promiscuité maladive ; chairs écorchées, solitudes exilées : et être, comment? Rien à quoi s’raccrocher, que des parois suintantes. J’te tousserais ma tuberculose de damné. Maton, t’es con. Ya pas de prise, pas d’emprise. J’me casse les dents sur les barreaux, rien que pour ressentir ; d’ma mine patibulaire, j’fais craquer les molaires. J’m’âbime, me mutile ; qu’importe, ça rend moins mort que vie. Maton, t’es con. T’as rien fait ? Que tu dis. T’as oublié alors viens pas pleurer quand j’remplis tout mon vide phystique d’un « maton, t’es con ». Moi, j’ai plus que ma haine pour pas taire – comme tu l’as fait, comme ils l’ont fait – qu’suis pas autre chose qu’un Homme.

Gilles LETELIER

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